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La dégustation de spiritueux

21.09.2022

Une dégustation de spiritueux est avant tout un plaisir. Déguster de manière consciente nous permet de découvrir tout l’éventail des saveurs et d’apprécier le grand savoir-faire qui se cache derrière les spiritueux de qualité. Nous vous présentons ici quelques conseils pour une dégustation réussie de whisky, rhum, gin et autres.

Disons-le d’emblée : les conseils donnés dans cet article ne sont que des recommandations. Il s’agit de sources d’inspiration et non de conditions préalables. Lors d’une dégustation de spiritueux, l’accent est mis sur le plaisir, il ne doit pas s’agir d’une science. Nous vous invitons à adapter les recommandations à vos besoins.

La préparation

Pour la dégustation, l’idéal est une pièce calme avec un bon éclairage (mais pas éblouissant). Les distractions telles que la télévision allumée, le téléphone portable ou la musique forte doivent être évitées, car toute l’attention doit être portée sur la dégustation. Il en va de même pour les odeurs telles que les parfums d’ambiance, les parfums ou les savons très odorants pour les mains. Ils perturbent notre sens de l’odorat, qui est responsable d’environ 90 % de la perception du goût. En outre, il faut éviter de manger juste avant la dégustation, car la bouche est alors occupée par un « arrière-goût », en particulier lorsqu’il s’agit d’aliments épicés.

Il est souvent recommandé de s’en tenir à un « thème » précis, par exemple « les gins anglais » ou « plusieurs whiskys de la même distillerie ». Mais vous pouvez tout aussi bien faire une dégustation transversale, c’est à dire faire suivre un whisky d’un cognac, par exemple, puis continuer avec une Tequila. Deux choses sont importante s: la séquence et la quantité.

  • Séquence : commencez par des exemplaires au goût plus léger et gardez « l’artillerie lourde », comme le whisky fumé, pour la fin. Il en va de même pour le taux d’alcool des objets de dégustation, qui doit soit rester le même, soit augmenter, mais ne doit pas aller du haut vers le bas. Le palais peut ainsi se familiariser lentement avec les arômes intenses des distillats à haute teneur en alcool. Si vous commencez directement avec des alcools forts, vous percevez ensuite beaucoup moins les arômes des produits plus légers.
  • Quantité : l’idéal est de déguster au maximum environ six spiritueux en une seule « séance ». Au plus tard à partir de ce point, notre perception diminue sensiblement en raison de l’alcool et nous ne pouvons plus évaluer le goût de manière fiable. Si vous recrachez les gorgées au lieu de les avaler, cela ne s’applique évidemment pas.

Outre les spiritueux, l’ustensile le plus important est le verre dans lequel vous dégustez. Le « tumbler » classique avec un fond épais et une grande ouverture est peu adapté à la dégustation. Le verre nosing en forme de tulipe aux parois fines remplira sa mission à merveille. Sa forme effilée vers le haut concentre les arômes – idéal pour humer le distillat. Et grâce aux parois fines, le contenu se réchauffe plus rapidement lorsque vous le tenez dans votre main (voir paragraphe suivant). Après la dégustation, il est préférable de rincer le verre uniquement avec de l’eau afin qu’il n’y ait pas de résidus de liquide vaisselle qui pourraient perturber le goût lors de la dégustation suivante.

Un verre nosing pour la dégustation de spiritueux, source : Adobe Stock, Oskars

En ce qui concerne le choix du verre, la vodka constitue une exception parmi les spiritueux. Pour elle, un petit tumbler est pratiquement de rigueur Lors de la dégustation de vodka, il faut également tenir compte de quelques autres éléments particuliers. Nous les avons rassemblés pour vous à la fin de l’article

La dégustation

Nous arrivons maintenant à la partie principale, la dégustation proprement dite. Le plus important est de prendre votre temps ! Ce n’est pas une course et l’objectif n’est pas d’être ivre le plus rapidement possible.

Une fois que vous avez versé le premier spiritueux dans le verre (environ 2 à 4 cl), gardez-le plusieurs minutes en main pour qu’il se réchauffe. Ainsi, les arômes du distillat se libèrent grâce à l’interaction avec l’air et à l’augmentation de la température de quelques degrés par rapport à la température ambiante. Si vous fermez l’ouverture du verre à ce moment-là (par exemple avec un dessous de verre ou votre main libre), les arômes seront encore plus concentrés.

Renoncez à mettre de la glace dans votre verre, même si les films et la télévision en donnent l’exemple. D’une part, elle dilue le distillat et, d’autre part, elle abaisse logiquement la température, ce qui rend les arômes moins clairement perceptibles. Et bien sûr, tous les autres additifs comme l’eau tonique ou le coca sont également tabous. De nombreuses boissons spiritueuses se prêtent merveilleusement bien au mélange, mais l’objectif est ici de déguster le spiritueux proprement dit et il convient donc de renoncer à tout ajout.

Source : Adobe Stock, barmalini

Et fumer pendant la dégustation ? Là encore, Hollywood nous donne un mauvais exemple ; le goût de la fumée dans la bouche éclipse les distillats et fausse l’impression que vous en avez. Par conséquent, il vaut mieux remettre le cigare à plus tard.

Après quelques minutes dans la main, le verre commence à s’embuer légèrement de l’intérieur. Les choses sérieuses peuvent commencer ! Commencez par sentir, en évitant de mettre le nez directement dans le verre – les fortes vapeurs d’alcool masqueraient sinon une grande partie des arômes. Maintenez le nez parallèle au bord du verre tout en faisant passer plusieurs fois le verre d’une narine à l’autre.

À quoi l’odeur vous fait-elle penser ? En les classant selon des odeurs connues, les spiritueux deviennent plus « concrets » et vous pouvez plus facilement vous souvenir de leur goût. Pour une deuxième impression, légèrement différente, vous pouvez frotter quelques gouttes (par exemple celles qui coulent à l’extérieur du goulot de la bouteille après l’avoir versée) entre les paumes de vos mains et les sentir.

Pour savoir si votre évaluation des arômes présents va dans le bon sens, vous pouvez regarder le dos de la bouteille. Parfois, on y trouve ce que l’on appelle les « tasting notes », c’est-à-dire les notes de dégustation. Il s’agit d’une série de goûts que le ou la responsable de la distillerie a détectés, par exemple « sirop d’érable », « yaourt à la fraise » ou « fumée douce ». Si aucune tasting note n’est imprimée, vous pouvez également la trouver sur le site web du producteur.

Maintenant, prenez une première petite gorgée et ne l’avalez pas tout de suite. Remuez-la plutôt un peu dans votre bouche, mordez-la un peu tout en inspirant par le nez. Avec un peu d’habileté, vous pouvez aussi ouvrir légèrement la bouche et ainsi inspirer facilement. Les arômes du distillat se révèlent peu à peu, et c’est en fermant les yeux que vous les percevrez le mieux. Après quelques secondes, avalez et observez la « fin de bouche », c’est-à-dire le goût que le spiritueux laisse dans votre bouche, et combien de temps il y reste. Pour percevoir la fin de bouche de manière nettement plus intense, inspirez par la bouche après avoir avalé.

Procédez exactement de la même manière avec la deuxième gorgée. Après deux ou trois gorgées maximum, le verre devrait être vide, sinon vous en avez probablement trop versé. Ensuite, rincez le verre et votre bouche avec de l’eau du robinet ou de l’eau minérale plate afin d’être à nouveau neutre pour le prochain produit.

Source : Adobe Stock, Fotomaercu

Autres conseils pour la dégustation

Lorsque la teneur en alcool est supérieure ou égale à 50 %, de nombreux·se·s amateur·trice·s aiment ajouter quelques gouttes d’eau au spiritueux dans leur verre. Cela atténue le goût de l’alcool et fait davantage ressortir les autres arômes. D’autres, comme le « pape du whisky » Jim Murray, assimilent l’ajout d’eau à un sacrilège. Comme souvent, il n’y a pas de règles fixes et chacun·e fait à son goût. Ce qui compte, c’est que l’expérience soit satisfaisante pour soi.

Il en va de même pour l’évaluation du goût, but utlime de la dégustation. N’essayez pas à tout prix d’apprécier un distillat particulier simplement parce qu’il a peut-être été recommandé par un ami ou qu’il est produit par une marque particulière.

Pour éliminer de telles influences, il est recommandé de procéder à une dégustation à l’aveugle, au cours de laquelle vous ne savez rien des spiritueux qui vous sont présentés. Vous goûtez donc « à l’aveugle » et essayez de déterminer, en fonction du goût, le distillat, le producteur, combien de temps il a mûri ou dans quel fût la maturation a eu lieu. La résolution intervient à la fin.

Liste de cinq whiskys pour une dégustation à l’aveugle, source : Adobe Stock, barmalini

Pour cette dégustation à l’aveugle, vous avez besoin de quelqu’un qui dirige la dégustation et verse les spiritueux. C’est l’occasion idéale d’inviter des ami·e·s, de s’entretenir au sujet des distillats dégustés et de voir à la fin qui a vu juste. S’il ne s’agit pas d’une dégustation à l’aveugle, vous pouvez bien sûr déguster seul·e.

Enfin, le dernier point : n’oubliez pas que notre odorat et notre goût ne sont pas tous les jours au top de leur forme. Nous ne percevons pas toujours les mêmes arômes avec la même intensité. Pour se faire une idée définitive du goût d’un spiritueux donné, il convient de le déguster plusieurs fois à des dates différentes.

Déguster de la vodka

L’eau-de-vie de céréales issue d’Europe de l’Est est un cas particulier parmi les spiritueux. Au lieu d’ajouter des arômes, par exemple par un stockage en fûts, les producteurs de vodka éliminent pratiquement toutes les substances aromatiques en distillant et en filtrant plusieurs fois le distillat. L’objectif est de produire une boisson au goût aussi neutre que possible. En conséquence, vous devriez procéder à la dégustation de vodka d’une manière légèrement différente de celle décrite ci-dessus :

Tout d’abord, la vodka est servie glacée – plusieurs heures au congélateur sont obligatoires. C’est la seule façon pour la vodka de conserver sa neutralité gustative. Ne vous inquiétez pas qu’il gèle et que la bouteille éclate. La température de congélation de la vodka, qui est d’environ -24 degrés Celsius, est nettement inférieure aux quelque -18 degrés que l’on trouve dans la plupart des congélateurs. La seule chose qui peut arriver, c’est que la partie eau gèle légèrement et se sépare ainsi du reste de la vodka. Dans ce cas, laissez-lui quelques minutes pour décongeler.

La vodka est dégustée dans un petit tumbler ou un verre à liqueur. Prenez de petites gorgées et procédez de la même manière que pour les autres spiritueux, à l’exception du réchauffement dans la main.

En accompagnement, on mange traditionnellement des « zakuski ». Il s’agit de différents snacks très appréciés dans les pays d’origine de la vodka, à savoir en Russie et en Pologne : cornichons, kholodets (aspics épicés), poisson salé, salade d’olives et bien d’autres.

Verres de vodka avec du zakuski de pain noir et du caviar, source : Adobe Stock, New Africa
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